Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/504

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mination anglaise, sans en excepter ceux du « règne militaire, » et des deux guerres américaines ; car si la guerre fait appréhender des périls et cause des terreurs, elle offre aussi, pour récréer l’esprit, des actes héroïques, souvent des triomphes et de la gloire, mais les contentions des factions, les discordes civiles, l’anarchie ne produisent qu’aigreurs, haines, animosités, méfiances réciproques, anxiétés et afflictions d’esprit. Dans l’état de trouble et d’agitation qu’elles enfantent, les mœurs perdent de leur douceur, les manières, de leur aménité, le langage, de sa politesse, la civilisation rétrograde, et la société semble se dissoudre, ou retomber dans la barbarie. À l’heure où nous terminons, le radicalisme, ou plutôt le nivelisme, c’est-à-dire des idées incongrues d’une égalité parfaite entre tous les hommes et toutes les conditions, des manières brusques, un langage grossier, étaient chez un nombre d’individus, l’ordre du jour, et déjà dans quelques localités, le mot liberté signifiait insubordination, impunité du désordre et de la violence, terrorisme, intimidation physique et morale, proscription, despotisme jusque sur la pensée.

Dans un tel état de choses, il n’était pas beaucoup possible que l’industrie, le commerce, les arts et les sciences fissent de grands progrès. Ce fût néanmoins durant la période dont nous venons de donner l’histoire que furent établies, mais à peu près sans résultat utile, des écoles normales, à Québec et à Montréal, et que furent fondés les collèges de Sainte-Thérèse et de l’Assomption, et si l’on passe en revue les ouvrages publiés dans cet espace de temps, on verra que notre bibliographie, au moins, y fit des progrès assez considérables.

En 1831, notre estimable et savant compatriote,