Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/207

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rendre compte de ce qu’il avait fait. Il lui mandait, en même temps, qu’il pensait qu’on devait profiter de la présente disposition des Cantons, pour régler avantageusement les limites, entre les Français et les Anglais ; que si l’on ne pouvait pas obtenir la propriété du pays des Iroquois, il fallait, au moins, faire en sorte qu’il fût déclaré neutre, et qu’il ne fût permis ni à la France ni à l’Angleterre d’y faire des établissemens. Quant à la religion, il jugeait qu’on devait laisser à ces peuples une liberté entière de choisir ou des missionnaires catholiques, ou des ministres protestants, persuadé, dit le P. Charlevoix, qu’ils préféreraient toujours les premiers aux seconds.

Vers la fin de juillet 1701, Montréal se vit rempli de Sauvages de toutes les tribus. Les Iroquois s’y trouvèrent au nombre de deux cents. Le P. Anjelran en amena un grand nombre des tribus du Nord et de l’Ouest, et Courtemanche y arriva, des mêmes quartiers, avec cent-quatre-vingts canots. La première audience publique eut lieu, le 1er. août. Le gouverneur fondait sa principale espérance, pour le succès de son grand dessein, sur Kondiaronk, à qui il avait presque toute l’obligation de ce concert et de cette réunion, jusqu’alors sans exemple, de tant de tribus sauvages, pour la paix générale ; mais ce chef tomba malade, au commencement de sa harangue, qu’il ne put achever qu’à voix basse. Il se trouva plus mal, à la fin de la séance, et on le porta à l’Hôtel-Dieu, où il mourut, le lendemain, au matin, après avoir reçu les derniers secours de la religion chrétienne, qu’il avait embrassée. Les funérailles qu’on lui fit eurent quelque chose de magnifique et de singulier : M. de Saint-