Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/221

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cours, pour exhorter ceux qui avaient entr’eux quelque démêlé, à se reconcilier sincèrement et à s’embrasser : ils firent ensuite leur prière, et marchèrent contre le fort. Ils y trouvèrent beaucoup de résistance ; mais enfin, ils y entrèrent, l’épée et la hache à la main, et y mirent le feu. Toutes les maisons du village eurent le même sort. Il y eut environ cent Anglais de tués, en combattant : d’autres périrent dans l’embrasement des maisons, et le nombre des prisonniers fut considérable. Il n’y eut point de butin, parce qu’on n’y songea quand tout eut été consumé par les flammes, et qu’on entendait déjà, de tous les villages voisins, le son des tambours et des trompettes. Il n’y avait pas un moment à perdre pour assurer la retraite. Elle se fit d’abord en bon ordre ; mais à peine avait-on fait une demi-lieue, qu’on tomba dans une ambuscade, dressée par soixante-dix hommes, qui, avant de se découvrir, tirèrent chacun leur coup. Les Français essuyèrent cette décharge sans branler. Cependant tous les derrières étaient déjà remplis de gens de pied et de cheval, et il n’y avait pas d’autre parti à prendre que de passer sur le ventre à ceux qu’on avait en tête. On le prit, sans balancer : chacun jetta ce qu’il portait de vivres et presque toutes ses hardes, et sans s’amuser à tirer, on en vint d’abord aux armes blanches. Les Anglais, étonnés d’une attaque si brusque, faite par des gens qu’ils croyaient avoir mis en désordre, s’y trouvèrent eux-mêmes, et ne purent se remettre ; de sorte que la plupart furent tués ou pris.

Les Français n’eurent, dans les deux actions, que huit hommes de tués et dix-huit de blessés : du nombre des premiers furent deux jeunes officiers, Hertel