Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/279

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Quoique la guerre n’eût pas encore été déclarée, le cabinet britannique crut qu’il lui était permis d’empêcher la France de se fortifier en Canada, et en conséquence, une escadre d’onze vaisseaux de ligne et plusieurs frégates sortit de Plymouth, le 27 avril 1754, sous les ordres de l’amiral Boscawen. Les deux escadres arrivèrent, presque en même temps, sur les bancs de Terre-Neuve, et fort heureusement pour l’amiral français, dit M.  Smith, les épais brouillards qui règnent dans ces parages, donnèrent à toute sa flotte le moyen de s’échapper, à l’exception de deux vaisseaux, l’Alcide et la Lys, qui furent pris par l’escadre anglaise ; d’où il paraît que l’amiral Boscawen n’avait pas seulement reçu l’ordre d’épier les mouvemens de la flotte française, comme s’exprime notre historien, mais encore celui de l’attaquer. Il y avait, sur ces deux vaisseaux, huit compagnies de troupes, et un grand nombre d’officiers du génie. M.  de la Mothe arriva, quelques jours après, à Québec, avec le reste de son escadre, à la grande joie du gouverneur général et de la colonie.

Aussitôt que la prise des deux vaisseaux français eut été connue, à la cour de France, le comte de Mirepoix, ambassadeur français à Londres, fut rappellé : il fut publié un manifeste, et les journaux retentirent de plaintes contre la conduite du gouvernement anglais. Celui-ci répondit que la conduite des Français, sur les bords de l’Ohio, avait rendu la mesure à laquelle il avait recouru nécessaire et justifiable.

Cependant, le général Braddock s’était mis en marche, le 10 juin de cette année 1754, à la tête de 2,200 hommes, pour se rendre sur les lieux où le colonel Washington avait été fait prisonnier, avec ses gens,