Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/303

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Cet officier s’y porta aussitôt, avec les soldats qu’il commandait. Sa chaloupe étant arrivée la première, et s’étant enfoncée, au moment où il mettait pied à terre, il grimpa tout seul sur le rocher. Il espérait y trouver cent des siens, qu’on y avait envoyés, depuis quelques heures ; il n’y en avait que dix. Avec ce petit nombre d’hommes, il ne laissa pas de gagner le haut du rocher. Les Français lui tuent deux hommes et lui en blessent trois mortellement ; mais malgré sa faiblesse, il se soutient, dans ce poste important, à la faveur d’un épais taillis. Enfin, ses intrépides compagnons bravant, pour le joindre, et le courroux de la mer et le feu du canon, achèvent de le rendre maître de la seule position qui pouvait leur assurer la descente.

Dès que les Français virent l’assaillant solidement établi sur le rivage, ils prirent l’unique parti qui leur restait, celui de s’enfermer dans les murs de la ville. Les fortifications de Louisbourg manquaient de solidité ; les revêtemens des différentes courtines étaient entièrement écroulés. Il n’y avait qu’une casemate et un petit magasin à l’abri des bombes. La garnison qui devait défendre la place n’était que d’environ 3,000 hommes, non compris les soldats de marine.

Malgré ces désavantages, les assiégés se déterminèrent à la plus opiniâtre résistance. Pendant qu’ils se défendaient avec cette fermeté, les grands secours qu’on leur faisait espérer pouvaient arriver, et à tout évènement, ils préservaient le Canada de toute invasion, pour le reste de la campagne. Qui croirait que tant de résolution fut soutenue par le courage d’une femme, Madame de Drucourt, continuellement sur les remparts, la bourse à la main, tirant elle-même trois coups