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« Dès l’automne de 1662, on vit voler dans l’air quantité de feux sous des formes diverses. À Montréal, parut, une nuit, un globe de feu qui jettait un grand éclat ; il fut accompagné d’un bruit semblable à une volée de canons.

« Le 3 février (1663), on fut surpris de voir que tous les édifices étaient secoués avec tant de violence, que les toits touchaient presque à terre, tantôt d’un côté et tantôt de l’autre ; que les portes s’ouvraient d’elles-mêmes, et se refermaient avec un très grand fracas ; que toutes les cloches sonnaient, quoiqu’on n’y touchât point ; que les pieux des palissades ne faisaient que sautiller ; que les animaux poussaient des cris et des hurlemens effroyables ; que les arbre s’entrelassaient les uns dans les autres, et que plusieurs se déracinaient et allaient tomber assez loin.

« On entendit ensuite des bruits de toutes les sortes ; tantôt c’était celui d’une mer en fureur qui franchit ses bornes ; tantôt celui que pourraient faire un grand nombre de carosses qui rouleraient sur le pavé ; et tantôt, le même éclat que feraient des montagnes et des rochers de marbre qui viendraient à s’ouvrir et à se briser.

« Les campagnes n’offraient que des précipices. — Des montagnes entières se déracinèrent et allèrent se placer ailleurs. Quelques unes s’abîmèrent si profondément qu’on ne voyait pas même la cime des arbres dont elles étaient couvertes. Il y eut des arbres qui s’élancèrent en l’air avec autant de roideur que si une mine eût joué sous leurs racines, et on en trouva qui s’étaient replantés par la tête. — De gros glaçons furent lancés dans l’air, et de l’endroit qu’ils avaient quitté on vit jaillir une quantité de sable et de limon. Plusieurs fontaines et de petites rivières furent desséchées.