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le secret de la marquise

médecine que le docteur a prescrite aujourd’hui, elle vous fera du bien en vous donnant un repos bien paisible. Marie, je vais veiller près de vous jusqu’à ce que le médicament ait fait son effet.

La jeune fille s’était assise au chevet de la malade, lui avait longtemps tenu les mains dans les siennes. Ces attentions touchantes avaient semblé calmer la moribonde, qui était tombée bientôt dans un sommeil réparateur. Louise avait porté à ses lèvres les mains de sa nourrice. Après les avoir baisées pieusement, elle s’était dirigée dans la pièce voisine pour prévenir la bonne de venir prendre sa place, car elle allait retourner au château.

Une fois au dehors, la jeune fille ne dissimula plus toute l’angoisse qui s’était emparée d’elle, en apercevant si malade sa nourrice, pour laquelle elle avait une véritable affection de fille.

Marie l’avait gardée avec elle jusqu’à l’âge de quatre ans. Louise se rappelait encore parfaitement cette séparation, alors que Marie, la tenant sur son cœur, lui avait dit à travers ses sanglots : « Va, mon enfant, je te quitte ; mais souviens-toi toujours que nul au monde ne t’aime autant que moi ! pour ton bonheur je ferai tout ici-bas ! »

Puis la marquise l’avait amenée au château, où une vie nouvelle avait commencée pour l’enfant. On l’avait entourée de tout le luxe et la splendeur d’une grande maison, elle s’était vue obéi par une infinité de serviteurs, elle commandait partout en reine. Sa tante l’adorait, son cousin était son frère, ses moindres désirs étaient des ordres pour tous ces gens, qui l’aimaient ;