Page:Bibaud - Le secret de la marquise, Un homme d'honneur, 1906.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
le secret de la marquise

tendresse toute particulière, tout le monde vous aime ; chacun s’empresse de satisfaire vos moindres désirs, dites, que faut-il de plus pour vous rendre heureuse ?

La jeune fille était muette, plus son cousin parlait, plus elle se sentait accablée.

— Louise, reprit-il, que vous faut-il de plus ?

— Rien, répondit-elle en relevant la tête.

Son visage était d’une pâleur livide ; dans ses grands yeux noirs il y avait tant d’angoisses qu’Hector en fut ému et, l’attirant soudain, dans un élan de tendresse, sur son cœur : — Ah ! ma petite Louise chérie, vous n’avez pas en moi la confiance que vous devez avoir. Ce qu’il vous faut, mais je le sais, je l’ai deviné ; il vous faut mon amour comme il me faut le vôtre, je vous aime, plus que je ne puis le dire, et si vous ne m’aimez pas, c’est moi qui veux mourir. »

Oh ! joie divine ! ivresse sans égale ! était-il vrai, il l’aimait ! n’était-ce pas un songe ! ou la douleur l’avait-elle rendue folle ! ? Oh ! alors la folie est un soulagement. Elle veut rester insensée ; mais si ce n’est qu’un rêve, si le réveil doit lui prouver que ce n’est qu’un mensonge.

Toutes ces pensées se croisent dans son esprit en délire.

— Hector, Hector ! dit-elle, suis-je bien éveillée ou sous l’empire d’une illusion mensongère ? dis-le moi, l’incertitude me tue. »

— Mon ange, murmure-t-il bien bas, non, ce n’est pas un songe, et ses lèvres s’appuient sur les lèvres tremblantes de la jeune fille.

Mais à cet instant un grondement de tonnerre vient rompre le charme, l’éclair sillonne la nue,