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le secret de la marquise

lui avait appris. Le jeune homme l’écoutait ; il lui semblait sortir d’un rêve pénible, le souvenir lui revenait, les souffrances terribles qu’il avait éprouvées avant sa maladie, son désespoir à la pensée d’avoir perdu Louise, puis aujourd’hui sa mère lui disait que tout cela n’était qu’une erreur. Il pouvait aimer la jeune fille, mais elle n’était plus.

— Ma mère, fit-il, pourquoi me dites-vous tout cela puisque Louise est morte. »

« Morte, répéta la marquise. Hector, tu te trompes, Louise est brisée de fatigue, elle n’est qu’endormie, la pauvre enfant n’a pas fermé l’œil de la semaine, voilà pourquoi elle ne s’est pas éveillée.

S’approchant de sa nièce, elle mit la main sur son cœur.

« Il bat, dit-elle, chère petite, elle vivra pour te rendre heureux, Hector, pour te faire oublier tout ce que ma faute t’a fait souffrir. »

Prenant la main de Louise, elle la plaça dans celle de son fils, afin de le convaincre de ce qu’elle lui disait.

« Elle n’est pas froide, cette main, mon enfant, elle M’est qu’amaigrie par la souffrance. »

Le marquis, à ce contact, si doux, sentit qu’il s’était trompé et l’émotion de la joie eut sur lui le même effet que celle de la douleur, il pleura avec un abandon bien grand.

La marquise, émue, ne chercha pas à sécher ses larmes, c’était sa guérison.

Plusieurs heures s’écoulèrent avant que Louise ne rouvrit les yeux. On l’avait transportée dans sa chambre et déposée sur un petit lit tendu de rideaux blancs ; le grand fauteuil dans lequel elle