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un homme d’honneur

n’initiait personne à ses affaires ; il prospérait, le monde n’en demandait pas davantage, le favori du sort a toujours raison, qu’importe les moyens, pourvu que l’on arrive au but ! Le métal précieux est si brillant qu’il prosterne à genoux devant lui tous ces adorateurs du veau d’or, secte d’idolâtres si nombreuses que le christianisme n’a pu encore enrayer de la terre. Donc, Martineau comptait bien des amis, ou plutôt beaucoup de connaissances. On l’entourait, non pas qu’il payât souvent de sa bourse, mais cette bourse il la possédait et l’on recherchait sa société dans l’espérance qu’un jour elle se délierait en faveur des attentifs.

Avez-vous parfois remarqué dans le monde de ces individus que l’on retrouve à toutes les réceptions, à tous les dîners, à toutes les fêtes ? Ils sont sur tous les programmes, et si un jour un être intelligent ose dire :

— Mais pourquoi cet éternel M. X. ? Il ne rend, ce me semble, aucune politesse, cependant il prime partout. Quel prestige possède-t-il donc ?

Ah ! comme on le trouve naïf ce monsieur ! Faire une semblable question ! Les fashionables lui tournent le dos sans répondre, les dames à la mode, les belles du jour haussent les épaules avec un imperceptible sourire, qui signifie :

— Comme vous êtes jeune ! Ne savez-vous pas que ce monsieur c’est l’espérance de toute notre société ? Ne vous mettez pas sur son passage, car ce sera vous que l’on mettra de côté.

Le monsieur intelligent, convaincu de la bêtise humaine, se retire souvent de lui-même de ces cercles mondains, afin de pouvoir, plus tard, rire à son aise de bien des mécomptes, que parfois le