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LES FIANCÉS DE ST-EUSTACHE

— Non, non, soyons toujours français, à bas les traîtres, les menteurs qui veulent se jouer de nous.

— Que demandons-nous au Gouvernement ?

De justes mesures seulement. Nous réclamons nos droits, nous voulons le bien, la prospérité de notre nation. On se rit de nos représentations, de nos requêtes, parce qu’on a vu, avant nous, un peuple de dix à douze mille âmes n’opposer que des soumissions respectueuses à l’Angleterre, pour obtenir la justice qu’on lui a refusée. Pourquoi ? parce qu’on les a trouvés mous, sans énergie, incapable de se défendre contre la plus barbare tyrannie. Alors on s’est dit : Ils n’ont aucune bravoure, exterminons-les tous. Mes amis, c’est l’histoire de tous les âges. Les Carthaginois autrefois ne gardaient parmi les vaincus que les braves qui avaient su noblement se défendre, car ils disaient : Ceux-ci pourront nous être utiles, anéantissons tous les autres. Nous-mêmes, lorsque nous étions enfants, n’avons-nous pas traité de poltrons nos compagnons de classe qui n’osaient riposter à nos taloches ? ne les avons-nous pas qualifiés de lâches avec raison ?

Si nous avions un Gouvernement modéré, non entièrement composé de fanatiques, de francophobes, nous pourrions nous entendre en discutant ; avec les gens délicats c’est par les sentiments, que l’on obtient raison ; mais avec