Page:Bibaud - Les fiancés de St-Eustache, 1910.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur existence, laissant aux nerveux, aux susceptibles d’impressions la folie de se dépenser pour leurs voisins.

— C’est cela, mon cher, ils sont conservateurs jusqu’à la moelle des os ; tout doit demeurer constamment dans la ligne de conduite qu’ils se sont faite.

À ce moment leur conversation fut interrompue par Pierre.

— Pardon, messieurs, dit-il en s’avançant, vous venez de prononcer le nom d’une personne à laquelle je m’intéresse vivement. Dites-moi je vous supplie dans quel état est mademoiselle Aubry ? Je suis le malheureux jeune homme qui accompagnait ces dames lors du terrible accident. Depuis l’on m’a défendu l’entrée de la maison, me refusant même toute nouvelle pouvant diminuer la vive anxiété dans laquelle je suis. Voici ma carte. Vous êtes médecins, vous me pardonnerez de me présenter ainsi en vous interrompant ; le médecin connaît toutes les phases pénibles de l’existence ; il assiste aux deuils, aux déchirements qui forment les douloureux cortèges de l’humanité, plus que tout autre il comprend les angoisses que l’on éprouve au sujet d’une personne qui nous est chère, lorsque l’on sait ses jours en danger.

— Ah ! c’est vous monsieur, ancien professeur chez ma patiente, fit le plus âgé des hom-