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quiétude dans laquelle je vivais, qui était pour moi la plus grande garantie contre ces chagrins de cœur que j’éprouve aujourd’hui, au sujet desquels j’avais bien souvent plaisanté.

Edgard, écoutez-moi. Jusqu’à présent j’avais ignoré l’ascendant que pouvait prendre une femme sur moi. Comme Laure me le disait, l’amour je ne le connaissais pas. Je me croyais un philosophe, je n’étais qu’un enfant. Si Laure n’est pas un monstre, comme je l’espère, je sens combien je serais heureux de pouvoir passer ma vie auprès d’elle, et pour ce bonheur je suis résolu de tout tenter.

Je pars immédiatement pour Belœil, d’où sont datées ses lettres. Souhaitez-moi bon succès. Les vœux d’un ami ne peuvent que me porter chance. Avant de prendre le train j’écris ces quelques lignes à Laure :

« Mademoiselle,

« Vous m’aimez, dites-vous, et vous savez que je vous aime. Donc s’il y a entente entre nous vous n’avez plus le droit de me traiter comme vous le faites. Votre devoir est de vous nommer. Vous souffrez, je souffre, laissez-moi enfin le pouvoir d’aller vous consoler, et oublier près de vous tout ce que vous m’aurez fait endurer. Laure, que vous ai-je fait pour me traiter avec si peu de confiance. Ne savez-vous pas que pour moi le physique est très peu de chose, c’est la beauté de l’âme que je re-