Page:Bibaud - Lionel Duvernoy, 1912.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
72

se, n’osant prononcer une parole de crainte de voir s’envoler leur bonheur. Cependant cet instant de jouissance il fallait le rompre par un aveu cruel de si cruelle vérité.

— Noémie, dit enfin le marquis, j’ai à implorer votre pardon, vous allez me trouver bien lâche bien misérable ; l’aveu que je vais vous faire, je l’ai retardé jusqu’à aujourd’hui, ne me sentant ni la force, ni le courage de vous avouer un secret qui doit m’éloigner de vous à jamais. Vous le savez, Noémie, je vous aime.

— Georges, n’achevez pas, j’ai tous les torts, c’est moi qui dois solliciter votre indulgence. Malheureuse que je suis ! comment me jugerez-vous lorsque vous saurez tout ? Oh ! Georges, il faudra cependant me plaindre, me pardonner, car désormais ma vie sera si triste, si désolée. Depuis trois mois, sous le charme de votre présence, insensée ! j’avais oublié le terrible passé, et ce cœur, auquel j’avais ordonné de ne plus sentir, de ne plus souffrir, de ne plus aimer, s’est réveillé. Je vous aimais avant de le savoir, chez vous je retrouvais les qualités qu’un jour j’avais osé rêver chez celui à qui j’avais voulu confier mes destinées. Hélas ! pourquoi fallait-il vous rencontrez trop tard.

Brisée par l’émotion, la jeune femme fondit en larmes.

Le marquis très ému la regardait. Elle aussi