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à Orléans[1]. La fortune de cette date, donnée cependant sans preuves[2], a été singulière : pendant trois siècles, les historiens, sans songer à en faire la critique, l’ont communément adoptée[3].

La valeur générale de l’œuvre de du Port justifiait-elle donc tant de confiance ? Il est permis d’en douter, rien qu’à voir la dédicace et la fin du volume. Nous y trouvons que le livre a été

    Bibl. nat., Pièces originales, 2155, 5 (251), 355. — Monstrelet (Enguerrand de), Chroniques…, publ. par Douët d’Arcq pour la Société de l’histoire de France. Paris, 1856-62, 6 vol. in-8o, t. I, p. 394 et 167. — Vallet de Viriville, Geste des nobles, dans le vol. de la Chronique de la Pucelle, ou Chronique de Cousinot. Paris, Delahays, 1859, in-16 (Bibl. gauloise), p. 118. — C’est donc pour plus de commodité seulement que nous appellerons, avant 1407, Jean d’Orléans comte d’Angoulême.

  1. Édit. Castaigne, citée, p. 4 : « Jean d’Orléans et de Valois, duquel nous proposons d’escrire la vie, nasquit, régnant Charles VI, le xxvi juin 1404, en la ville d’Orléans. » — Pap. Masson faisait lui aussi naître Jean en 1404, puisqu’il lui donnait neuf ans accomplis en 1413, quand les Anglais l’emmenèrent prisonnier dans leur île : « Abductusque in insulam iliam [Britanniam] anno 1413, cum nonum ætatis suæ vix implevisset, » p. 6-7. Édit. de 1588, citée. — Avant du Port, la date de 1404 avait été assignée à la naissance de Jean : 1o  par Corlieu (voy. note 4, infra, p. 522), p. 132, qui écrivait en 1566-76 ; 2o  par Pap. Masson (De episcopis urbis, 1586, p. 344 ro, cf. infra, et dans sa vie du comte de 1588). Du Port le premier parla du 26 juin.
  2. J. du Port indique généralement ses preuves dans la marge de son texte. Or il ne nous renseigne pas sur le document qui lui aurait fourni la date en question.
  3. Le Père Louys Beurrier (Histoire du monastère… des… Célestins de Paris contenant ses antiquités…, avec le testament de Louys, duc d’Orléans. Paris, 1634, in-4o [xxii-]428 pages, portr.), p. 339. — François Vigier de la Pile (Histoire de l’Angoumois… publ. avec des documents inédits… par Michon. Paris, 1846, in-4o), p. xliij. — Sénemaud (Bulletin de la Soc. archéologique et historique de la Charente, 1859), p. 227. — P. de Lacroix (le Château de Bouteville, bull. cité, 1875), p. 126. — Vallet de Viriville (Bibl. de l’École des chartes, 2e  série, III), p. 137, n. 3, etc. — Enfin, plus récemment, en 1889, M. de Maulde La Clavière (Histoire de Louis XII, 1re  partie, t. I. Paris, Leroux, 1889, in-8o), p. 34, n. 1.

    Dès l’année précédente, 1888, la réaction contre le témoignage de J. du Port avait commencé (cf. École nationale des chartes. Positions des thèses soutenues par les élèves de la promotion de 1888. Épinal, 1888, in-8o, 144 p. ; Jean d’Orléans, comte d’Angoulême, chap. I, p. 33 ; M. du Fresne de Beaucourt, Hist. de Charles VII. Paris, 1881 et suiv., t. IV [1888], p. 18, n. 6). — Notre confrère M. E. Jarry est arrivé sur ce point et la même année à des conclusions en partie analogues à celles que nous présentons ici (cf. infra). Nous devons à son aimable obligeance la communication de plusieurs documents, d’un intérêt capital pour la présente étude, émanés de sa collection particulière. Nous lui en exprimons notre bien vive gratitude.