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Page:Binet-Valmer - Le Soldat inconnu, paru dans L'Action française, 04-11-1920.djvu/3

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la Sorbonne, devant les Pères et les Mères de nos frères d’armes tombés au champ d’honneur. Et ceux que nous devons remercier, car c’est leur sang qui nous a donné la victoire, m’ont remercié. Vous m’admonestez, Héricourt. Mon vieux, vous êtes léger.

Le 11 novembre, les ombres, en majorité républicaines — et je n’y puis rien, — vont célébrer leur fête annuelle, les ombres qui se blottiront dans les plis des drapeaux, drapeaux de la grande guerre protégeant les drapeaux vaincus.

Camarade Héricourt, jeune présomptueux, aviez-vous le pouvoir d’empêcher les drapeaux de la victoire d’encadrer le cœur de M. Léon Gambetta ?

Vous n’aviez pas ce pouvoir. Le gouvernement dispose des drapeaux, et tous vos gémissements n’auraient servi de rien. Vous auriez écrit une lettre ouverte à M. le président du Conseil ou à M. le président de la République. Les drapeaux auraient été inclinés sur le cœur de M. Léon Gambetta.

Ah ! vous croyez que je suis uniquement un agréable impulsif, qui agit sans réfléchir, et vous me donnez les verges dès qu’il vous plaît.

Lieutenant Héricourt, vous n’étiez pas à votre poste dans cette bataille, permettez-moi de vous le dire, vous n’étiez pas au siège de notre association, vous avez composé un billet, vous n’avez pas agi. J’ai agi. Le résultat : l’Arc de Triomphe ne sera pas désaffecté, les ombres ne perdront pas la sainte habitude de le franchir, le 11 novembre.

Et maintenant, parce que je vous aime bien, parce que j’ai reçu des centaines de lettres signées par les lecteurs de l’Action française, je vais vous dire ce que nous aurions fait si M. Alexandre Millerand s’était montré indigne de l’absolu dévouement que les combattants lui ont déjà témoigné. Si le cœur, d’ailleurs ardent, de Léon Gambetta avait dû franchir seul l’Arc de Triomphe, il n’aurait pu le franchir.