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Page:Binet-Valmer - Le Soldat inconnu, paru dans L'Action française, 04-11-1920.djvu/4

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Je m’explique. J’avais décidé, d’accord avec ceux de mes amis qui sont toujours au poste de combat, Héricourt, d’aller chercher sur nos champs de bataille, oh ! pas bien loin, à cent kilomètres de Paris, ce soldat inconnu dont je suis le seul à fleurir la tombe, quand je reviens d’avoir embrassé les enfants de Tracy-le-Val, village que j’ai adopté.

La nuit, pareil à un voleur, oui, Charles Maurras, un voleur de cadavres, j’aurais été, avec une équipe de légionnaires et de médaillés militaires, prier l’un de nos frères d’armes de bien vouloir combattre encore. Il aurait accepté je suis sans inquiétude.

Aux petites heures du matin, nous aurions déposé le cercueil sous la voûte, et, autour de ce cercueil enveloppé par notre drapeau, nous aurions monté la garde, en compagnie des ombres.

Voulez-vous que je vous dise les noms des sentinelles choisies ? Il y avait parmi elles un général, grand-croix de la légion d’honneur, et il y avait vous, Héricourt, médaillé militaire.

Car vous seriez venu. Vous m’auriez applaudi. C’était une manifestation contre le régime.

Je dis la vérité, nous aurions fait cela, nous étions prêts. Nous avions les camions et le moyen d’entrer dans Paris. Qui donc aurait osé s’attaquer à nous autres, s’attaquer à nos alliées, les ombres des morts ?

Vous auriez été là, Héricourt, parce que vous faites de la politique de parti. Vous n’êtes pas là, à mes côtés, quand je fais uniquement de la politique nationale.

Mon maître Charles Maurras, oui, c’est mon maître, quelles que soient mes préférences pour la République, quelle que soit sa dévotion pour la royauté, mon maître Charles Maurras me permettra de lui dire que le Panthéon est une sépulture qui vaut bien le havresac d’un touriste pillard. Or, j’ai vu, dans nos pèlerinages, le geste furtif d’un misérable que nous n’accompagnions pas et