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LE MAGNÉTISME ANIMAL

vers le milieu du XVIe siècle ; cette tradition, comme l’indique le nom même de Magnétisme animal, que Mesmer n’a pas inventé, attribuait à l’homme le pouvoir d’exercer sur ses pareils une action analogue à celle de l’aimant. Il parait avéré que l’aimant naturel et ses propriétés physiques, l’existence de deux pôles doués de propriétés contraires, l’action à distance, sans contact direct, ont produit une impression profonde sur les esprits. Dès l’antiquité on avait vu, ou du moins cru observer, que l’aimant possède des vertus curatives, et on l’avait employé comme remède. Cette opinion s’était perpétuée au moyen âge[1]. Dans un livre de Cardan, datant de 1584 (Les livres de Hierosme Cardanus, le septième livre des pierreries, p. 186, A et B), on trouve le récit d’une expérience d’anesthésie produite par t’aimant. L’usage était alors de faire avec l’aimant des anneaux qu’on portait au cou et aux bras pour guérir les maladies nerveuses. Peu à peu se fit jour l’idée que le corps de l’homme a des propriétés magnétiques. La première trace de cette doctrine se trouve dans les ouvrages de Paracelse. Cet illustre illuminé soutenait que l’homme jouit, à l’égard de son corps, d’un double magnétisme ; qu’une portion tire a soi les astres et s’en nourrit ; de là la sagesse, les sens, la pensée ; qu’un autre tire à soi les éléments et s’en sépare : de là la chair et le sang ; que la vertu attractive et cachée de l’homme est semblable à celle du karabé et de l’aimant ; que c’est par cette vertu que le magnès des personnes saines attire t’aimant dépravé de celles qui sont malades[2]. À la suite de Paracelse, un grand nombres de savants du XVIe et du XVIIe siècles, Glocénius, Burgraeve, Helinotius, Robert Fludd, le père Kircher, Maxwell, crurent reconnaître dans l’aimant les propriétés du principe universel par lequel ces esprits avides de généralisation pensaient expliquer tous les phénomènes de la nature. Ces savants écrivirent des livres volumineux, remplis de discussions stériles, d’affirmations sans preuves et d’argumentations dérisoires.

Telle est la tradition dans laquelle Mesmer a puisé à pleines mains ; il est incontestable qu’il a lu quelques-uns de ces livres si nombreux, consacrés par les anciens auteurs à la doctrine magné-

  1. Richet, Bulletin de la société de biologie, 30 mai 1881.
  2. Voyez Sprengel, Histoire de la médecinde, t. III, pp. 230 et seq. et Figuier, Histoire du merveilleux, t. III, chap. v