Page:Binet - Féré - Le magnétisme animal.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
LE MAGNÉTISME ANIMAL

« Il n’y a point de guérisons réelles, les traitements sont fort longs et infructueux. Il y a tel malade qui va au traitement depuis dix-huit mois ou deux ans sans aucun soulagement ; à la longue on s’ennuierait d’y être, on se lasserait d’y venir. Les crises font spectacle, elles occupent, elles intéressent ; d’ailleurs, pour des yeux peu attentifs, elles sont des effets du magnétisme, des preuves de l’existence de cet agent, qui n’est réellement que le pouvoir de l’imagination.

« Les commissaires, en commençant leur rapport, n’ont annoncé que l’examen du magnétisme pratiqué par M. Deston, parce que l’ordre du roi, l’objet de leur commission ne les conduisait que chez M. Deslon ; mais il est évident que leurs observations, leurs expériences et leurs avis portent sur le magnétisme en général. M. Mesmer ne manquera pas de dire que les commissaires n’ont examiné ni sa méthode, ni ses procédés, ni les effets qu’elle produit. Les commissaires, sans doute, sont trop prudents pour prononcer sur ce qu’ils n’ont pas examiné, sur ce qu’ils ne connaitraient pas ; mais cependant ils doivent faire observer que les principes de M. Deslon sont les mêmes que ceux des vingt-sept propositions que M. Mesmer a fait imprimer en 1779.

« Si M. Mesmer annonce une théorie plus vaste, elle n’en sera que plus absurde ; les influences célestes sont une vieille chimère dont on a reconnu il y a longtemps la fausseté ; toute cette théorie peut être jugée d’avance, par cela seul qu’elle a nécessairement pour base le magnétisme, et elle ne peut avoir aucune réalité, puisque le fluide animal n’existe pas. Cette théorie brillante n’existe, comme le magnétisme. que dans l’imagination ; la méthode de magnétiser de M. Deslon est la même que celle de M. Mesmer. M. Deslon a été disciple de M. Mesmer ; ensuite, lorsqu’ils se sont rapprochés, l’un et l’autre ont traité indistinctement les malades, et, par conséquent, en suivant les mêmes procédés ; la méthode que M. Deslon suit aujourd’hui ne peut donc être que celle de M. Mesmer.

« Les effets se correspondent également il y a des crises aussi violentes, aussi multipliées et annoncées par des symptômes semblables chez M. Deslon et chez M. Mesmer. Que peut prétendre M. Mesmer en assignant une différence inconnue et inappréciable, lorsque les principes, la pratique et les effets sont les mêmes ? D’ailleurs, quand cette différence serait réelle, qu’en peut-on inférer pour l’utilité du traitement contre les moyens détaillés dans notre rapport et dans cette note mise sous les yeux de Sa Majesté ?

« La voix publique annonce qu’il n’y a pas plus de guérisons chez M. Mesmer que chez M. Deslon ; rien n’empêche que chez lui, comme chez M. Deslon, les convulsions ne deviennent habituelles, et qu’elles ne se répandent en épidémie dans les villes, qu’elles ne s’étendent aux générations futures ; ces pratiques et ces assemblées ont également les plus graves inconvénients pour les mœurs.

« Les expériences des commissaires, qui montrent que tous se