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chés sur leur table, ne respirent qu’incomplètement. À cette cruelle maladie, contractée lors des fatigues de la préparation du concours de prix ou d’examens, succombent, quelques années plus tard, bien des lauréats, bien des élèves des écoles spéciales.

« Des troubles nerveux, céphalalgie, hyperesthésie, neurasthénie, lenteur intellectuelle, altération profonde des facultés cérébrales, sont trop souvent la conséquence de la surcharge, de la contention intellectuelle prématurée, excessive et prolongée, à laquelle se soumettent des jeunes gens en vue de concours, des élèves des écoles spéciales, des instituteurs, des institutrices.

« Les infirmités en général se montrent en proportion plus élevée chez les garçons et les filles des écoles supérieures, chez les jeunes gens instruits que chez les autres jeunes gens[1]. »

Quelle conclusion pratique pourrait-on donc tirer d’un rapport où dominent les trop souvent et les bien des cas ? Une fois sur mille, est-ce trop souvent ? Bien des cas, cela veut-il dire dans la moitié des cas ? On peut soupçonner que ces expressions vagues ont été employées par un rapporteur qui ne voulait pas se compromettre en avouant son ignorance, car il n’avait pas fait une étude méthodique de la question.

La statistique a été invoquée avec plus de précision, par Lancereaux et Marc Sée, médecins de lycées, qui après avoir compulsé les registres où sont inscrites les maladies graves ou légères qui amènent à l’infirmerie les pensionnaires de ces établissements, déclarent n’avoir rencontré sur ces registres aucune maladie imputable au surmenage :

« Mon attention, dit Marc Sée, s’est arrêtée particulièrement sur les derniers mois de l’année scolaire, ceux qui précèdent les concours, pendant lesquels l’ardeur des bons

  1. Académie de médecine, séance du 17 mai 1887.