Page:Binet - L’étude expérimentale de l’intelligence.djvu/122

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sonnes sont de face ou de profil, ce qu’elles font, comment elles sont habillées. D’autre fois, enfin, elle dit qu’elle se représente assez bien. Lorsqu’elle n’a pas d’image, elle refuse de donner une cote quelconque ; lorsqu’elle a une image vague, brouillée, sa cote habituelle est 5 ; enfin si elle dit qu’elle se représente assez bien, sa cote s’élève à 9 ou 10 ; elle a une fois atteint 12, son maximum. La rapidité de ses réponses, toujours moins grande que celle de Marguerite, n’est point en rapport avec la netteté de ses images ; il y a des images qu’elle trouve très nettes, qu’elle commence à expliquer au bout de 8″ seulement, tandis que des cotes sans images lui viennent au bout de 4″ : il aurait sans doute fallu régler autrement la vitesse de ses réponses pour trouver une relation — que du reste je ne cherchais pas — entre le temps qu’elle met à répondre et l’intensité de l’image qu’elle évoque. Mais en revanche, il apparaît bien nettement que toute image à laquelle elle donne une cote élevée est riche en détails, tandis que les images à cote faible ne contiennent que des détails sommaires.

Marguerite a aussi, mais bien plus rarement que sa sœur, des représentations sans image ; dans ce cas, elle refuse de donner une cote. Un certain nombre de fois, elle prétend qu’elle se représente mal, que ce n’est pas net, qu’elle n’est pas en train ; sa description est pauvre en détail ; la cote va de 3 à 10. Le plus habituellement elle répond qu’elle se représente très bien, que c’est très net, que c’est comme si elle voyait. Son affirmation est précise et rapide et, d’elle-même, le plus souvent, elle donne beaucoup de détails. Sa cote habituelle, dans ce cas, est de 18 à 20 ; souvent elle donne 20. On voit, par les renseignements que je viens de donner, que ces cotes ne sont pas aussi arbitraires qu’on pourrait le croire ; elles sont en relation avec l’abondance de la description de l’image, abondance que nous pouvons vérifier nous-même. J’ajoute