Page:Binet - L’étude expérimentale de l’intelligence.djvu/184

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que, il est au contraire assez facile à Marguerite de faire œuvre d’imagination.


2o  Phrases à compléter

Frappé des résultats que l’on obtenait en obligeant les sujets à changer le genre de leurs phrases, j’ai cru utile de continuer les recherches dans cette voie après les avoir rendues plus méthodiques ; pour obliger les sujets à écrire un certain genre de phrases, il m’a paru préférable de faire moi-même le commencement de la phrase, le sujet étant chargé de la terminer. Le commencement de certaines phrases commande presque nécessairement un développement logique ; dans d’autres, c’est un développement poétique ou imaginatif qui est suggéré. Ainsi, le mot : « Le soir » ou « l’étoile » éveille naturellement des images poétiques, tandis que le membre de phrase « Quand on est obligé » suscite plutôt un effort de raisonnement ou de mémoire. Dans un premier tâtonnement, comme celui-ci, on n’est jamais certain d’atteindre le but ; je crois cependant que l’expérience est bonne.

J’ai écrit à l’encre noire le commencement de 20 phrases sur 4 feuilles de papier écolier ; chaque commencement de phrase est séparé du suivant par environ 2 cm. 5, afin que le sujet ait la place nécessaire pour écrire environ 3 lignes. Le sujet écrit à l’encre rouge ; il a chaque commencement de phrase recouvert d’une feuille blanche, et il ne le découvre que lorsqu’il a fini d’écrire la phrase précédente ; je note avec une montre à secondes le temps qui s’écoule entre la lecture du commencement de phrase et le moment où le sujet se met à écrire ; c’est le temps de recherche, il ne représente pas toujours exactement ce qu’on veut mesurer ; parfois mes deux fillettes, après avoir écrit 2 ou 3 mots, se sont mises à réfléchir longuement avant de trouver le reste de la phrase.