Page:Binet - L’étude expérimentale de l’intelligence.djvu/204

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plan concerté d’avance, procédait de la manière suivante : On commençait par faire distribuer à tous les élèves une feuille de papier, et ils écrivaient en marge, leur nom, prénom, âge, classe, le nom de l’école. Puis, tous les élèves croisaient les bras pour écouter, et le Directeur, tenant en mains une photographie, leur adressait le discours suivant :

Je vais mettre sous vos yeux, pendant 2 minutes, la photographie d’un tableau représentant le sujet de la fable de La Fontaine le Laboureur et ses enfants.

Vous devrez vous abstenir de tout mouvement pouvant appeler l’attention de vos voisins sur telle ou telle partie de l’image.

Ayez soin de ne vous occuper en rien de la fable ; ne voyez que le tableau et donnez la description aussi détaillée que possible de ce que vous y aurez remarqué.

Pour ce travail 10 minutes vous sont accordées.

Comme nous ne disposions que de cinq photographies du même tableau, chaque élève ne pouvait pas avoir la sienne ; on groupait les élèves par 3 sur le même banc pour regarder une seule photographie. Malgré l’ordre donné de ne pas se communiquer les impressions, les enfants d’un même groupe se parlaient souvent à voix basse et se montraient du doigt un détail de la photographie. On peut donc supposer qu’il s’est exercé un peu de suggestion dans chaque groupe, et que les copies des 3 enfants du même groupe doivent présenter une certaine ressemblance ; pour nous rendre compte de ce fait, nous avons mis sur les copies des signes spéciaux indiquant à quel groupe elles appartenaient ; mais, après un examen attentif, nous n’avons constaté que des traces insignifiantes de cette influence, par exemple le même nom donné à un objet de caractère douteux.

Lorsque les élèves qui faisaient l’épreuve de mémoire avaient tous examiné pendant un temps suffisant la photographie, ils se mettaient à écrire, et on n’avait plus à