Page:Binet - L’étude expérimentale de l’intelligence.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Description de la gravure par Marguerite.
(Expérience faite le 15 octobre ; durée : 14 minutes ; nombre de mots : 155.)

Ce sont deux pauvres gens, obligés de quitter leur logement, ne pouvant plus payer leur loyer.

Le plus âgé des deux est assurément le père du petit garçon, qui l’aide à tirer la misérable voiture où ils ont empilé le peu de choses qui leur appartienne.

Le chemin est glissant, car il a plu, ils peinent pour tirer tout ce qui constitue leur fortune, c’est-à-dire une table que l’on aperçoit à moitié couverte par une espèce de paquet de chiffon, un seau accroché par l’anse, et enfin un panier que l’on voit sur le derrière de cette pauvre charrette.

Je suppose que cette gravure représente leur départ de la campagne qu’ils habitaient : car l’on voit au fond quelques maisons à demi cachées par le brouillard.

Le ciel est orageux, et sans doute il pleuvra encore.

Ils dépassent les dernières maisons, ils sont presque dans la campagne.

Description de la gravure par Armande.
(15 octobre 1900. Durée : 9 minutes ; nombre de mots : 139.)

Cette gravure représente un vieillard et un enfant qui, chassés de leur réduit faute d’argent, vont traîner leur peu de bien dans un quartier moins hostile ; on voit Paris dans la brume ; c’est l’aurore et une faible lueur qui glisse sur le chemin aux murs démolis indique l’aube qui naît. La charrette semble prête à se renverser, elle est chargée, on a tout empilé ; une vieille table, un seau, une huche et quelques draps déchirés qui pendent le long des roues. C’est tout ce que l’on voit ; peut-être sous les hardes se cachent d’autres objets.

La route tourne et le sol monte, détrempé et glissant ; le long du chemin une barrière démolie étend vers le ciel ses bras décharnés.

Un petit arbuste dépourvu de ses feuilles : c’est l’hiver.

Un œil attentif découvre nécessairement des différences dans ces deux rédactions ; celle de Marguerite est d’une description méthodique et un peu sèche ; il y a dans celle d’Armande un peu plus de fantaisie ; mais ce n’est qu’une nuance ; et si l’on avait à sa disposition seulement ces deux descriptions, il serait fort difficile d’en tirer une