Page:Binet - L’étude expérimentale de l’intelligence.djvu/40

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élèves d’école primaire. Ceux-ci, très fréquemment, nomment des objets qui font partie de leur personne, ou qui leur appartiennent.

C’est plutôt Armande qui fait exception à la règle, car, quant à elle, je constate qu’elle n’a jamais nommé un objet lui appartenant, il n’y en a pas un seul dans les 300 mots écrits.

J’ignore si on pourrait appliquer ces remarques à d’autres personnes, surtout des adultes, si prompts à prendre l’adaptation de défense ; et il est possible que si un adulte n’emploie jamais le mot je dans nos tests, il ne faudrait y voir qu’un mouvement secondaire de réflexion et d’arrêt.

En ce qui concerne nos deux fillettes, je crois très intéressant de remarquer que le test sur l’idéation donne parfaitement raison aux observations de tous les jours. Il est constant que Marguerite est plus attachée que sa sœur aux objets qui lui appartiennent ; elle s’en occupe davantage, elle les range avec plus de soin, et elle regrette bien plus vivement leur perte ou leur destruction. Ce sont là des faits précis ; et il me paraît bien curieux qu’ils marquent leur trace dans un test sur l’idéation.


4o Souvenirs.

C’est le groupe le plus important, celui qui donne son caractère à l’expérience, et lui imprime un cachet d’intimité. Nos deux jeunes filles, en écrivant les mots, se sont représenté un grand nombre d’objets qui leur sont familiers, et un grand nombre de leurs souvenirs personnels ; avec ce qu’elles ont écrit, surtout avec ce qu’a écrit Marguerite, on pourrait presque reconstituer leur existence ; la maison, le jardin, les maisons et les rues du voisinage, les personnes amies, les connaissances, les petits événements quotidiens, les promenades à bicyclette, des détails sur le village de S… où elles habitent l’été et sur F…, la