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COMMENTAIRE HISTORIQUE

gardes de la Cour de Lorraine (anobli au xvie siècle)... » Et, après avoir rappelé les lignes de Binet — historien suspect autant que disciple enthousiaste — comme le témoignage d’une légende adulatrice formée dans l’entourage du poète : « Dans ce texte, continuait-il, une phrase ajoutée donne l’explication de la si lointaine origine attribuée au chef de la Pléiade : Binet nous avoue la préoccupation que Ronsard avait de se rapprocher de toutes manières du pays où vécut Orphée. » (Rev. des Cours et Conférences, 20 mars 1902, p. 51.)

Enfin M. Henri Longnon a écrit pour sa thèse de l’École des Chartes (janv. 1904) un premier chapitre intitulé : « La légende du marquis de Ronsard ; sa fausseté », — et un deuxième chapitre sur les ancêtres du poète, où il prouve que le nom de Ronsard remonte au xie siècle. J’ignore les arguments qu’il a fait valoir, les « positions » de la thèse ayant été seules imprimées ; mais L. Froger a publié, depuis, un document qui ne peut que les confirmer, constatant en 1293 l’existence dans le Vendômois d’un Olivier de la Poçonniere, écuyer, marié à Jehanne Tiercelin (Annales Fléch. de septembre 1904). Tout me porte à croire que ce personnage est un des ancêtres paternels du poète, car : à parfois ils étaient ainsi désignés simplement du nom de leur fief principal (cf. une relation des obsèques de Guill. du Bellay, où figure M. de la Possonniere, qui n’est autre que Loys de Ronsart, Rev. de la Province du Maine de juillet 1901, p. 212) ; 2o l’un d’eux, au xve siècle, a également porté le prénom d’Olivier ; 3o Claude de Ronsart, le frère du poète, a également épousé une Tiercelin.

Comme le dit L. Froger : Parole de poète n’a jamais été parole d’évangile. C’est ce que Binet aurait dû ne pas oublier. (V. encore Hallopeau, Annales Fléch. de déc. 1904, p. 313, note 2 ; de septembre 1905, p. 93 ; le Bas-Vendomois, 1905, pp. 79, 91 et 96).

Un adversaire des origines bas-danubiennes de Ronsard, non moins résolu que les précédents, vient de se faire connaître en la personne de M. Jean Martellière, de Vendôme ; ses arguments ne sont pas nouveaux, mais sa façon de les présenter est assurément nouvelle (Annales Fléch. de mai-juin 1909, Les Origines des Ronssart).

P. 1, l. 10. — leur temps. Ce début rappelle celui de la Vie d’Agricola de Tacite : « Clarorum virorum facta moresque posteris tradere antiquitus usitatum... » ; et un passage de la lettre de Pline le Jeune sur la mort du poète Martial (III, 21) : « Fuit moris antiqui.. »

P. 1, l. 17. — marse nature = nature languissante, flasque, flétrie, corrompue (du latin marcidus). Le Dictionnaire de Godefroy ne cite qu’un exemple de cet adjectif, emprunté au Pelerinage d’Amour.

P. 1, l. 19. — utile labeur. Cf. Pline le Jeune, loc. cit. : « nostris vero temporibus, ut alia speciosa et egregia, ita hoc in primis exolevit. »

P 1, l. 21. — de mesme. Cf. Tacite, loc. cit. : « adeo virtutes iisdem temporibus optime aestimantur quibus facillime gignuntur. » Pline le J., loc cit. : « Nam postquam desiimus facere laudanda, laudari quoque ineptum putamus. »

P. 1. l. 24. — Prince et pere de nos Poëtes. Ronsard reçut le premier de ces titres de très bonne heure, peu de temps après la publication de son premier recueil d’Odes (janv.-févr. 1550). V. les Odes du Gave du