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ET CRITIQUE

qui est celuy de sainct Marcel », ajoute G. Colletet dans sa traduction des Elogia (1644, p. 47) ; et il le répète dans sa Vie de Ronsard (éd. Blanchemain, p. 31). Sauval dit de son côté qu’elle était située " sur les Fossés de la ville entre la porte Saint Victor et celle de Saint Marceau (Recherches sur les Antiquités de Paris, liv. IX, p. 490). En outre, une note marginale ajoutée par François Colletet au manuscrit de son père sur la Vie de J. Ant. de Baïf nous apprend que cette maison, qu’il avait vue dans son enfance, « estoit située sur la paroisse de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à l’endroit où l’on a, depuis, basti la maison des religieuses Angloises de l’ordre de Saint Augustin » (fragment cité par S.-Beuve, Tableau de la poésie au XVIe s., art. sur Desportes, éd. Charpentier, p. 415, note ; et par Ed. Fournier, Variétés histor. et litt., VIII, p. 40, note). Or ce couvent de religieuses Anglaises, celui-là même où G. Sand fut élevée (Hist. de ma vie, 3e partie, chap. x et suiv.), a subsisté de 1639 à 1861, époque du percement de la rue des Ecoles, aux nos 23 et 25 de la rue des Fossés-Saint-Victor, aujourd’hui rue du Cardinal Lemoine (Frémy, op. cit., pp. 388-89 ; L. Pinvert, Lazare de Baïf, pp. 81-82).

Quant à la date où Dorat commença à donner des leçons à Antoine de Baïf au domicile de son père, Binet la connaissait par la dédicace des Œuvres d’Ant. de Baïf Au Roy, que nous avons déjà citée. Après y avoir dit qu’il fut mis en pension chez le professeur Tusan (Tusanus, Toussain) « l’année que Budé trépassa », c’est-à-dire en 1540, Baïf ajoute :

Là quatre ans je passay, façonnant mon ramage
De Grec et de Latin..........
De là (grand heur à moy) mon pere me retire,
Me baille entre les mains de Dorat pour me duire :
Dorat qui studieux du mont Parnasse avoit
Reconnu les detours, et les chemins savoit
Par où guida mes pas. O Muses, qu’on me done
De Lorier et de fleurs une fréche courone
Dont j’honore son chef. Il m’aprit vos segrets
Par les chemins choisis des vieux Latins et Grecs.
(édition Marty-Laveaux, I, vi.)

Ainsi c’est bien à partir de 1544 seulement que Ant. de Baïf a suivi les leçons de Dorat, et que Ronsard a commencé à en profiter, au domicile de Lazare de Baïf — et non pas comme le dit Sainte-Beuve « vers 1541 ou 42 au plus tard au collège de Coqueret » (Notice sur Ronsard reproduite par l’éd. du Tableau de 1843, p. 290, et en tête de la réédition des Œuvres choisies de Ronsard par L. Moland, p. xiv).

P. 11, l. 15. — se loger avec luy. Le Collège de Coqueret était situé rue Chartière, dans l’ancienne « basse-cour » du séjour de Bourgogne qui depuis devint le Collège de Reims, dont les bâtiments sont actuellement affectés à l’Ecole préparatoire de Sainte-Barbe (Frémy, op. cit., p. 12, note ; cf. H. Chamard, thèse sur J. du Bellay, p. 42 ; L. Séché, Rev. de la Renaiss. de févr. 1901, p. 84).

À quelle époque Dorat en fut-il nommé « principal » ? On l’ignore, et il est vraiment dommage qu’aucun des panégyristes de Ronsard, des Baïf ou de Dorat ne l’ait dit. Pour Goujet (Bibl. fr., XIII, 289), Robiquet