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COMMENTAIRE HISTORIQUE

sur ses relations avec Ronsard et la nature des sentiments qu’elle lui inspira, voir l’Intermédiaire des Chercheurs, table générale, année 1891, articles Ronsard, Cassandre, Mlle de Pré ; Marty-Laveaux, Notice sur Ronsard, pp. xxvi et suiv. ; Henri Longnon, Revue des questions historiques de janvier 1902, pp. 224 et suiv. ; P. Laumonier, Revue de la Renaissance d’octobre 1902, pp. 73 à 115, et thèse de 1909 sur Ronsard p. lyr., Index des noms. — J’avais d’abord, par conjecture, daté de 1550 son mariage avec Jehan Peigné, seigneur de Pré en Vendômois ; un précieux document publié par M. Jean Martellière, son contrat de mariage, fait remonter cette union jusqu’en novembre 1546 ; un autre permet de croire qu’elle mourut seulement en 1606 (Bulletin de la Soc. arch. du Vendômois, année 1904, pp. 51 et suiv.).

Colletet, Vie de Ronsard, p. 29, et, d’après lui, Ménage, Observ. sur les poés. de Malherbe, se sont lourdement trompés en affirmant que Cassandre n’était « qu’une simple fille », « de très petite condition ».

P. 15, l. 16. — d’Escosse. Il y a là évidemment un lapsus pour « à son retour d’Allemagne », ainsi que Binet pouvait le comprendre à une lecture rapide de ce passage de l’autobiographie dans l’édition de 1584 :

D’Escosse retourné, je fus mis hors de page.
Et à peine seize ans avoient borné mon âge.
Que l’an cinq cens quarante avec Baïf je vins
En la haute Allemaigne, où la langue j’apprins.
Mais las ! à mon retour une aspre maladie
Par ne scay quel destin me vint boucher l’ouie.
Et dure m’accabla d’assommement si lourd,
Qu’encores aujourd’huy j’en reste demy-sourd.
L’an d’apres en Avril, Amour me fist surprendre,
Suivant la Cour à Blois, des beaux yeux de Cassandre.


D’ailleurs, qu’il y ait eu lapsus ou non, il est clair que Binet, en rédigeant le texte A, a compris par l’an d’apres l’année 1541, comme l’ont fait depuis Colletet, Sainte-Beuve, Blanchemain, d’autres encore. Nous pensons que Ronsard a voulu dire par l’an d’apres, non pas l’an qui suivit son retour d’Allemagne, mais l’an qui suivit sa maladie, ce qui est tout différent. La meilleure preuve, c’est que Binet s’est corrigé en B, ayant sous les yeux ce nouveau texte de Ronsard :

............. je vins
En la haute Allemaigne, ou dessous luy j’apprins
Combien peut la vertu : apres, la maladie
Par ne scay quel destin me vint boucher l’ouie.
..................
L’an d’apres en Avril, Amour me fit surprendre...


et ayant remarqué les passages nombreux où Ronsard nous dit qu’il avait vingt ans quand il rencontra Cassandre (v. ci-après, p. 120, aux mots « vingt ans »), ce qui reporte cette rencontre en 1545 ou en 1546 (suivant la date qu’on adopte pour la naissance du poète).

On pensera que ces passages et celui de l’autobiographie se contredisent. Je crois que la contradiction n’est qu’apparente. Comme tout porte à croire que le poète, au lieu de documenter son panégyriste Paschal sur la suite continue de ses années de jeunesse, ne lui en a ra-