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COMMENTAIRE HISTORIQUE

Et dont il faisoit tant d’estime
Par son discours et par sa rime...
(Bl., II, 436 ; M.-L., VI, 91.)

Blanchemain l’a datée à tort de 1572 (pour la discussion, cf. ma thèse sur Ronsard p. lyr., pp. 240 et 241).

C’est à partir de 1567 que le nom de Grevin disparut des œuvres de Ronsard. Non seulement celui de Patouillet le remplaça dans le sonnet de 1560 A Phebus, mon Grevin, tu es du tout semblable, mais l’ode Vous faisant de mon escriture, dédiée primitivement à Ch. de Pisseleu, puis en 1560 à Grevin, devint l’ode A Grujet. et le poème des Isles fortunées mentionna Turrin au lieu de Grevin parmi les membres de la Brigade. Quant au Discours à Grevin, que Ronsard avait écrit en 1561 pour le Theatre de son ami, il fut sacrifié.

Grevin a certainement collaboré au Temple de Ronsard. Le témoignage de Binet, qui était son compatriote et s’entretint vraisemblablement de lui avec Ronsard, ne permet guère d’en douter. Il n’y a plus de doute si l’on songe que la pièce dont on vient de lire le début se plaint en même temps de Florent Chrestien, l’auteur de la Seconde Response, qui avait paru avec le Temple de Ronsard, et si on lit attentivement l’Epistre au lecteur[1] où R. a pris à partie (en octobre 1563) à la fois Fl. Chrestien et J. Grevin « ce jeune drogueur, de qui la vie ne sera pas mauvaise descrite » (allusion au titre complet du Temple de Ronsard, publié dans les premiers jours de septembre 1563).

P. 43, l. 40. — des Autels. Les premiers témoignages de l’estime de Ronsard pour Peletier, Sceve, Heroët et Saint-Gelais se trouvent dans la préface des Odes de 1550 (Bl., II, 10 et 11) ; pour Salel dans l’épitaphe qu’il lui consacra en 1553 (VII, 268) ; pour G. des Autels dans le sonnet de 1552 Pour celebrer des astres devestus (I, 50). Ses œuvres en contiennent d’autres, surtout à l’adresse de Peletier, de Saint-Gelais et de Des Autels. Cf. ma thèse sur Ronsard p. lyr., Index. — Du Bellay les comptait aussi parmi les ennemis du « monstre Ignorance » ; voir la fin de sa première préf. de l’Olive et sa Musagnæomachie, et la thèse de H. Chamard sur J. du Bellay, Index.

P. 43, l. 45. — Estienne Pasquier. L’omission de ce nom dans la première rédaction est très remarquable. Peut-être fut-elle volontaire, car les rapports entre Pasquier et Binet semblent avoir été très froids en 1585 et 1586 (v. ci-dessus, Introduction, §III, B).

La liaison de Ronsard et de Pasquier remonte à 1554, et c’est vrai semblablement Pasquier, avocat au Parlement de Paris et grand ami de Sibilet, qui fit les avances. Au livre II de son Monophile, il présenta Ronsard, avec du Bellay et Tyard, comme le plus grand poète du temps pour chanter les passions de l’amour (édit. des Œuvres de 1723, tome II, col. 771). Ronsard dédia à Pasquier un sonnet de la Continuation des Amours (1555), devenu plus tard madrigal, qui commence par E n’esse mon Pasquier (Bl., I, 157) ; Pasquier en dédia deux

  1. Cf. Bl., VII, 136 et suiv. Cette Epistre servait de préface aux Nouvelles Poësies, parues dans le courant d’octobre de 1563. (V. ma thèse sur Ronsard p. lyr., pp. 209-210.)