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VISION ET AUDITION

moins de voix. Il est donc tout à fait incorrect, en principe, de mesurer l’audition en employant comme excitant la parole ; c’est comme si on mesurait des longueurs en étirant plus ou moins un mètre de caoutchouc.


Que conclurons-nous donc ? D’abord que l’audition des mots ne peut pas être mesurée avec une précision satisfaisante en employant les procédés très simples dont on dispose dans une école. Il faudrait recourir soit à des phonographes, soit à des acoumètres perfectionnés qui existent actuellement, mais qui sont coûteux, compliqués, volumineux. Notre seconde conclusion est qu’à tout prendre une mesure, même défectueuse, reste supérieure à l’absence de toute mesure ; les critiques que nous avons adressées à la montre et à la parole n’enlèvent pas à ces procédés toute valeur. En les employant, on fera sans doute des erreurs ; en ne les employant pas, on risque de faire des erreurs plus fortes. Le maître devrait donc ne pas les négliger complètement. Une dictée faite en classe au moyen de mots détachés et de chiffres, avec une voix d’intensité moyenne et bien surveillée, pourrait apprendre au maître quels sont parmi ses élèves ceux qui ont l’oreille dure. Le procédé est plus expéditif que celui de la montre, puisqu’il n’exige que la correction des dictées, et nous ne sommes pas certain qu’il soit plus inexact.