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LES APTITUDES

d’ajouter — et nous le disons une fois pour toutes — que chacune des fillettes ignorait la rédaction de sa sœur ; elles avaient promis de n’en pas parler entre elles, et je sais qu’on peut se fier complètement à leur parole.

La description d’un objet absent donne lieu aux mêmes différences de description. À cette époque, nous habitions Meudon ; et, près de chez nous, il existait une belle maison, toujours inhabitée, et que nous avions souvent visitée. Je demande aux deux enfants de la décrire.

La narration de Marguerite commence ainsi :


« La maison Lar…


« L’autre jour, je me promenais dans la rue du Départ, lorsqu’une grande affiche accrochée à la grille d’un jardin attira mon attention. Il y avait peu de temps que je connaissais Meudon, et c’était la première fois que je remarquais cet écriteau ; je m’approchai donc, et je vis écrit : Grande Maison à vendre ou à louer ; s’adresser : 1o à M. P…, notaire à Meudon ; 2o à M. M…, 23, rue de Rennes, Paris. — C’était un peu loin, et, comme je suis curieuse, je me dis : si je sonne ici on sera bien forcé d’ouvrir, et si le concierge est accommodant, j’entrerai !

« Je sonne donc, et, au bout d’un petit instant, la porte s’ouvre, quoiqu’il n’y eût personne, on l’ouvrait de la cuisine (ainsi que je le sus plus tard). J’entrai dans une belle allée, pleine de gravier, bordée d’arbres assez touffus, et de petites roches où croissent des genêts. De chaque côté de la porte, sur une petite hauteur, se trouvaient deux terrasses, la belle allée était au milieu dans une sorte de bas-fond, elle était très droite ; au bout, on voyait un grand et large escalier, et au-dessus une marquise, là encore une sorte de terrasse où donnaient des fenêtres ; c’était la mai-