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Il y eut à l’époque dont je parle une réaction littéraire, aurore de cette réaction spiritualiste qui déjà se manifestait dans les hauteurs de l’intelligence. La réaction littéraire reportait la pensée vers notre grand siècle, et appelait l’anathème sur les novateurs, alors en petit nombre et peu puissants. Un seul devait être épargné : c’était un géant, et il venait réhabiliter à la fois l’histoire, la poésie, les croyances.

L’empire passe comme une éclatante invasion : toutes les gloires anciennes et nouvelles de la patrie vent se réconcilier.

Dès 1812 je travaillais à Antigone. Certainement je versais dans cette composition plus de choses que je n’en soupçonnais moi-même. Je pensais seulement à une restitution à l’antiquité, et j’y faisais entrer à mon insu le sentiment chrétien, sous la forme de la théorie du dévouement et du sacrifice, les sympathies pour les traditions générales de l’humanité, par la peinture et le consentement des grandes expiations imposées à l’homme.

J’ai écrit Antigone à Lyon et à Borne, sous les yeux de la noble exilée à qui je devais plus tard dédier la Palingénésie. J’en commençais l’impression au moment où s’accomplissaient les événements de 1814.

Je vins à Paris. Nodier et moi nous ne pouvions manquer de nous reconnaître, comme si nous nous étions déjà rencontrés, et de mettre en commun nos espérances, qui devaient être soumises à de si rudes épreuves.

Il était marié. Il avait une charmante petite fille, que j’ai vue dans toutes les grâces de la première enfance, qu’à présent je vois dans tout l’éclat de sa brillante jeunesse.

C’est elle qui est l’objet de cette courte notice.

Marie-Antoinette-Élisabeth Nodier est née dans un