Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/129

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de Mme de Brécy entra dans les gendarmes de la garde, commandés alors par MM. les duc de Castries et marquis d’Autichamp (le dernier gouverneur du Louvre sous Charles X). Ce corps d’élite avait Lunéville pour garnison, d’où il venait faire son service à Versailles, faisant partie de la maison militaire du roi. M. Deschampsy en sortit pour prendre sa retraite comme lieutenant-colonel et chevalier de Saint-Louis. Il vint s’établir à Versailles, où ses talents lui méritèrent des missions de confiance, toutes dans l’intérêt du commerce, de la science et des arts.

Ce fut là que Mme de Brécy puisa son goût dominant pour la littérature, et principalement pour l’histoire et la géographie. Elle avait à peine dix-huit ans lorsque la révolution vint changer son avenir, aventurer ses destinées par d’indomptables circonstances. Toujours dévouée à la cause pour laquelle son père avait versé son sang, elle écrivit sous un nom supposé, dans l’Ami du Roi, de Montjoie, et dans la Gazette de Paris, de Durosoy, plusieurs articles empreints du sentiment qui n’a jamais cessé de l’inspirer dans les dangers qu’elle a courus, dans les traits de dévouement qu’elle a faits, dans les combats même où elle s’est trouvée.

Ces vérités, je le sais, ont excité la critique mordante de certaines personnes qui n’aiment pas l’héroïsme dans les femmes ; mais, sans entrer dans cette controverse où bien souvent l’impuissance et l’envie crient si haut, je ne saurais m’empêcher, moi, d’admirer et d’honorer les généreux mouvements de l’âme partout où ils se trouvent, chez ceux-là mêmes contre lesquels j’ai combattu pour la cause de la vraie liberté !…… Eh ! pourquoi vouloir dépouiller les femmes de leur plus bel apanage ? Elles s’en sont montrées si dignes dans nos troubles politiques ! et presque toujours elles en furent si mal récompensées !