Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/142

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Au sommeil malgré moi je cède, anéantie :

Pour prolonger mes maux il répare ma vie.

D’un ravissant prestige animant scs pavots,

Dans un songe plus doux que le plus doux repos. Il surprend mes esprits et mon âme éperdue :

Le sort est désarmé, ma fille m’est rendue !

Mon cœur même est trompé : c’est elle, je la vois ! Et lorsque tous mes sens s’élancent à la fois. Quand je crois la saisir…», hélas! â chaque aurore Ma fille dans mes bras revient mourir encore.


La première édition des Élégies maternelles parut chez Didot en 1805. Alors commencèrent pour M fflc Victoire Babois les jouissances et les dégoûts de la célébrité lit¬ téraire. Nous citerons ici presque en entier une lettre qu’elle écrivit à ce sujet et à cette époque même. On y verra mieux que nous ne saurions le dire comment elle devint poète r .

« Ma cousine, ce que tu as* lu sur mes élégies dans les journaux t’a fait un grand plaisir, me dis-tu, mais une objection t’a frappée. Après une phrase pleine de bien¬ veillance, l’auteur de l’article ajoute :


Si pourtant la douleur doit s’exprimer si bien !


Cette objection est très juste. Au moment où l’on éprouve les angoisses que j’ai essayé de peindre, on n’est capable que de les souffrir, et il n’est pas possible d’être plus loin qu’on ne l’est alors de l’attention nécessaire pour faire des vers français. Mes élégies ne sont donc nées et ne pouvaient naître que par des impressions re¬ produites. Ensuite, tu me demandes comment, depuis quinze années que nous sommes séparées, je suis de-


1 Cette lettre a été insérée dans la troisième édition des poésies de M me Victoire Babois, publiée par Nepveu en 1828.