Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/164

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nalité que d’esprit les opinions communes sur la vie cham¬ pêtre. D’utiles leçons, déguisées avec beaucoup de grâce et d’adresse, sont offertes à un vieil auteur mécontent de se voir oublié . Peu après parut VEpttre sur la rime, où l’auteur avance avec une ingénieuse dextérité que la rime pouvait ne pas être toujours riche ; et la perfection même avec laquelle cette thèse est rimée, prouve que M œe de Salm peut, quand elle le veut, vaincre toutes les diffi¬ cultés sans altérer l’éclat de son style. Une autre Épitre sur la philosophie est digne de son sujet. A cette époque parut la Cantate sur le mariage de Napoléon : Mme de Salm chante l’espoir de Ta patrie, et ne justifie pas la conduite de l’homme qui, pouvant tout, crut pouvoir sacrifier le plus sacré des devoirs à l’avenir du pays. Elle publia bientôt des vers sur la mort de Girodet, des stances sur la perte des illusions de la jeunesse, et plusieurs autres pièces toutes également empreintes du cachet de son talent. Ces poésies furent recueillies dans l’édition pu¬ bliée en 1811.

Dans les années qui suivirent la chute de l’Empire, inspirée par l’indignation que lui faisait éprouver la bassesse dès intrigants titrés qui spéculaient sur les désastres de la patrie, la princesse de Salm composa VEpttre à un honnête homme qui veut devenir intrigant, où l’on trouve ces vers si pleins de justesse et de vérité :

Tu veux être intrigant ; c’est sans doute un moyen De parvenir à tout en ne méritant rien.

Mais comment, plein d’honneur, à ce métier infâme Espères-tu plier ton esprit et ton âme ?

Crois-tu donc qu’il suffit d’assiéger des palais.

D’endurer des affronts, de payer des valets.

D’attendre sur un banc le jour qui va paraître,

De salon en salon d’arriver jusqu’au maître?

Ne sens-tu pas qu’il est dans Kart de dénoncer,

D’aduler, de trahir, de perdre, de blesser,

Üne perfection que tu ne peux atteindre ;