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gracieux ne se lassait point d’enfanter des productions nouvelles. Parvenue à un âge fort avancé, malade fréquemment, souffrant beaucoup, elle chercha jusqu’au dernier moment dans le travail des distractions à ses douleurs. Toute sa vie fut, pour ainsi dire, exempte d’orage. La sérénité de son âme se reflétait sur sa figure, comme l’azur d’un ciel pur dans un beau lac. Il serait difficile d’avoir plus de douceur dans le caractère, plus d’aménité dans les mœurs. Bonne, tendre pour ses amis. généreuse pour tous, son cœur ne le cédait en rien à son esprit. Peu de femmes ont eu des connaissances plus variées, plus universelles ; aucune peut-être ne l’a surpassée en sensibilité et en douceur.

Arrivée au terme de sa longue carrière, âgée de quatre-vingt-cinq ans, ne discontinuant plus de souffrir depuis quelque temps, et cependant employant encore à écrire les courts instants de répit que lui laissait sa maladie, elle fut enlevée en 1805 à ses nombreux amis, qui donnèrent à sa mort d’abondantes larmes et de sincères regrets. Les lettres perdirent en elle une de leurs gloires, les malheureux une protectrice qui n’avait pas de plus grand bonheur que de les soulager. On trouva après elle plusieurs manuscrits inédits, dont nous igno¬ rons la destinée. Il fut lu à l’académie de Berlin, par ordre de Frédéric le Grand, un discours sur l’amour- propre, qu’on lui attribuait ; ce discours, qui fut imprimé en 1770, offre des choses fort remarquables.


Louis de Tourreil.