L’obéissance, voilà donc le principe de Mme Alida de Savignac. Et, comme elle n’admet pas de loi plus pure, plus belle, plus facile que celle de l’Évangile, qui dit : « Aime Dieu de toute ton âme, de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même, » elle en a fait le fondement de tous ses livres, depuis le conte de nourrice, destiné aux tout petits enfants, jusqu’aux nouvelles insérées dans le Journal des Demoiselles ; elle a constamment prêché l’amour de Dieu et l’obéissance à la loi qui commande l’oubli de soi-même ; et cet oubli, elle l’a présenté comme seul gage du bonheur sur la terre. Ainsi dans ses Soirées de famille, le mauvais riche périt misérablement, pour avoir arraché à un pauvre laboureur le champ qu’il avait ensemencé, afin de se passer, à lui riche, une fantaisie. Ainsi dans les deux Jumelles, conte de fées, Châtaigne, quoique laide, désire en secret d’être aimée ; elle peut demander à sa marraine de la rendre belle, elle n’a que ce don à réclamer ; mais elle préfère implorer la fée pour de pauvres villageois que la famine désole, et par ce sacrifice elle gagne le cœur que sa laideur repoussait.
Nous pourrions multiplier à l’infini les citations et les exemples ; mais obligé de nous renfermer dans le cercle étroit d’une simple notice, nous dirons, en terminant celle-ci, que M me Alida de Savignac pratique elle-même toutes les vertus qu’elle enseigne ; (pie les ressources qu’elle s’est créées par ses utiles et honorables travaux, tournent en bonne partie au profit des malheureux qu’elle soulage journellement sans ostentation ; et que, fidèle à la loi de l’oubli de soi-méme, elle jouit en paix de ce bonheur si pur et si doux à la participation duquel sont appelées les jeunes personnes dont elle s’est bénévole¬ ment constituée le Mentor.
P. A. M. Miger.