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les Mémoires d’Élisabeth, de miss Lucie Aykin ; et dans la même année, sa charmante traduction de l’Épicurien, de Thomas Moore, qui, conçu dans l’esprit le plus philosophique, retrace dans un touchant épisode le triomphe du christianisme sur le paganisme. La traductrice a reproduit avec bonheur la grâce et la poésie de l’original.

Quoique l’étude des sciences soit presque toujours étrangère aux femmes qu’elle effraie, Mme Aragon, jeune encore, sembla s’adonner de prédilection à tout ce qui annonce et exige un esprit grave, des goûts austères et studieux. Parmi ses ouvrages, on remarque des articles de géologie propres à rendre cette science aimable à ceux qui souvent seraient le moins portés à s’en occuper ; des articles de physiognomonie où se montrent autant de finesse d’esprit que de connaissances positives du cœur humain ; des descriptions historiques et critiques de villes de France, d’Angleterre et d’Italie, et de monuments du moyen âge, pleines d’observations justes et d’aperçus piquants et variés. Un de ses ouvrages les plus importants, et qui seul suffirait pour fonder une haute réputation, est son Dictionnaire universel de Géographie moderne, destiné principalement aux gens du monde. Cet ouvrage, en 2 vol. in-4o, se distingue non-seulement par un grand savoir et de nombreuses recherches, mais encore par un style clair, élégant, et surtout par des développements curieux et attachants. Enfin Mme Aragon rédige en ce moment le texte d’un atlas géographique, statistique et historique des communes environnant Paris ; et met en ordre des observations intéressantes qu’elle a faites pendant son voyage en Suisse : ces nouveaux écrits prouvent autant que ceux déjà cités, un amour infatigable de l’étude, le désir constant de rendre utile une imagination brillante et richement ornée. »… Voilà pour la femme érudite et vouée à la science.