Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/297

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accepta de ces avances tout le parfum bienveillant qui s’en exhalait. Dans ces premiers articles d’elle, il avait été question de Mme de Staël. À propos d’une phrase de l’auteur de Malvina, de Mme Cottin, qui semblait dénier à son sexe la faculté d’écrire aucun ouvrage philosophique, le critique rappelait l’ouvrage récent de Mme de Staël sur la Littérature, et en prenait occasion d’y louer plus d’un passage, de relever plus d’un censeur, et de toucher à son tour quelques points avec une réserve sentie. Mme de Staël, qui y recevait d’ingénieux conseils tels que celui, par exemple, d’être plus sensible au concert qu’au bruit des louanges, n’en eut pas moins, comme nous voyons, une reconnaissance qui honore son cœur, de même que ces conseils honoraient la raison digne et fine de Mlle de Meulan.

Atala était appréciée, dans un article, parce critique si intelligent et si mûr au début, avec une admiration tempérée de très-judicieuses remarques. Et tout à côté de cet hommage rendu au vrai talent dans les rangs de la cause religieuse, Mlle de Meulan remettait à leur place le citoyen La Harpe et le citoyen Vauxcelles qui avaient pris sujet d’un article d’elle sur Y Éducation des Filles de Fénelon, pour se livrer, l’un en plein Lycée, l’autre je ne sais où, à la déclamation d’usage sur le fanatisme d’irréligion et aux autres lieux communs qui faisaient explosion alors. Dans une lettre à un ami qu’elle supposait méditant une brochure en faveur des philosophes, elle lui demande spirituellement pourquoi une brochure ? « Est-ce pour prouver que Voltaire est un grand poëte et Zaïre une pièce touchante, ou bien que le mot de philosophe n’est pas exactement le synonyme de septembriseur ? » Et de ce ton de douairière du Marais qu’elle affectionne : «La manie de votre âge, dit-elle en terminant, est de vouloir faire entendre la raison aux hora-