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tous les jours à la messe ; mon père m’a envoyée toute l’octave au salut, le soir ; j’ai communié dimanche et le jour du Sacré-Cœur, et ce jour-là j’ai été à la messe, grand’messe et vêpres, malgré les moqueries de M. D…., qui a fait mon père grande bredouille pendant ce temps-là. Demain, jour de la Saint-Cyr, je vais à la première messe de M. Duplessis, et de plus je ménage tous les jours du temps pour nos oraisons. » (Lettre écrite en 1822.)

Cependant l’assassinat du duc de Berry avait décidé la chute du ministère Decazes, et avec lui, de tout ce que le zèle des partisans quand même de la monarchie qualifiait de libéral. M. Devaisne, parent et ami de M. Guizot, fut révoqué à ce titre, et revint à Paris avec sa famille.

Le salon de M. Guizot était alors, en quelque sorte, le centre où venait aboutir tout le mouvement politique, philosophique et littéraire de cette époque ; autour du mari et de la femme se réunissait avec les notabilités de la chambre, de l’Académie et des salons, une active et studieuse jeunesse. Les uns, suivant l’impulsion donnée par M. Guizot lui-même aux études historiques, fouillaient avec une infatigable patience la poudre des vieilles chroniques, pour y retrouver les monuments de notre passé, et les éclairer d’une lumière nouvelle ; d’autres, comme de hardis aventuriers, allaient à la conquête des richesses étrangères ; et tandis que les jeunes philosophes du Globe nous révélaient, du haut de leur sceptique indifférence, comment les dogmes finissent, ils retrouvaient dans leur cœur, sous une autre forme, ces sentiments qui ne finissent pas, et qui leur faisaient embrasser la science comme un culte, la politique comme une foi. J’en appelle au zèle religieux des jeunes adeptes de cette mère de nos associations, qui avait pris pour devise : Aide-toi, le Ciel t’aidera.