Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/327

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Au milieu d’une telle société, Mlle Dillon se trouvait dans son élément ; elle écoutait avidement ces entretiens, où se discutaient toutes les questions religieuses, sociales ou littéraires qui divisaient les esprits, où toutes les idées de quelque valeur passaient à l’examen. Ses idées, à elle, y gagnaient d’autant ; ses opinions se modifiaient en s’affermissant ; sa croyance religieuse, surtout, subit l’influence protestante et philosophique qui l’entourait ; mais sans que sa piété y perdit, sans même que son respect pour les cérémonies d’un culte auquel elle regrettait de n’avoir plus foi en fût altéré : « Ah ! que ne puisse éviter de scandaliser les faibles ! écrivait-elle à sa sœur ; que ne puis-je, en conscience, remplir toutes les observances du catholicisme ! Il m’en coûte de voir l’hommage que je rends à Dieu incomplet devant les hommes : je voudrais le glorifier en face de toute créature, et beaucoup croiront que je le renie ; c’est là la plus sévère épreuve de ma nouvelle croyance, et elle pourrait devenir bien plus sévère encore. Si je vivais à la campagne, par exemple, je ne sais ce que je ferais ; avec la piété dans le cœur, paraîtrais-je l’impiété sur le front ? ou bien irais-je m’associer à des mystères qui n’ont pas ma foi, et me soumettre à des observances peut-être nuisibles ? c’est ce que je craindrais le plus au monde ; c’est ce qui seul pourrait me faire regretter de n’être pas née protestante ; la foi catholique convenait bien mieux à mon esprit rigoureux et absolu, ses mystères, ses cérémonies à l’ardeur de mon âme ; mais à présent, il me serait bien plus doux d’être protestante : là il n’y a rien dans le culte à quoi je ne pusse m’associer ; la communion elle-même ne me semblerait pas un inconvénient, n’étant pas un sacrement mystérieux ; elle ne serait pour moi qu’une prière. Et je l’avoue, il me faut de la prière, et de la prière en commun avec les