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parer de sa famille pour accompagner sa tante aux eaux de Plombières qui lui étaient ordonnées. Mais ce voyage fut inutile, Mme Guizot mourut à Paris peu de temps après son retour, au mois d’août 1827.

Cette femme distinguée avait toujours eu pour sa nièce Éliza la plus vive affection. Plus âgée de quinze ans que son mari, avertie par ses souffrances de sa fin prochaine, peut-être, dans une de ces inquiètes prévisions familières au cœur des femmes, eut-elle la pensée que la jeune fille qu’elle s’était plu à former, serait, après elle, chargée d’un bonheur qui fut longtemps le premier intérêt de sa vie.

La mort de sa tante rendit Mlle Dillon à ses travaux habituels. Pour obliger un ami, elle s’était mise à compulser les bénédictins, et ne pouvait s’expliquer à elle-même le plaisir qu’elle y prenait : « Je crois en vérité, disait-elle en plaisantant, que j’ai l’amour pur des in-folio ; quand j’en ai un en face de moi, un autre à côté, et que je me plonge dans ces grandes pages de latin barbare, pour y trouver une ligne, un mot qui vaillent la peine d’être notés, je ne me donnerais pas pour un empire. Je crois que j’aurai fini mon travail demain ; en tout cas, je veux qu’il soit terminé avant mercredi ; il n’y aura plus de gros livres dans l’appartement quand tu y arriveras. Ne ris pas ; ce sont tes plus dangereux rivaux auprès de moi. Tes rivaux ! chère sœur, je donnerais, pour le plaisir de te voir, tout ce qui a jamais été imprimé dans le monde ; tu es mille fois plus pour moi que tout ce qui n’habite que dans mon esprit, toi la constante préoccupation de mon âme, le but chéri de toutes mes pensées. Ce n’est pas à cause de ce que je sais que tu m’aimes, que je suis chère aux miens ; la science est une œuvre du temps ; elle cessera avec l’ignorance de l’homme ; mais l’affection durera toujours :