Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/330

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elle est immortelle comme Dieu. Mes chers amis, je serai toujours votre Eliza, même après que le nom des siècles aura disparu : la foi et l’espérance finiront, a dit saint Paul, mais la charité durera éternellement. Ainsi tout périra de nous, tout, excepté le souffle divin de l’amour, que Dieu a déposé en nous pour y être un continuel appel à l’infini ; à quoi bon nous aimer, si ce n’était que pour le temps ? Tout ce qui passe est si court ! dit saint Augustin. » (Lettre écrite en 1827.)

On voit que les préoccupations scientifiques n’ôtaient rien à la sensibilité de son cœur ; elles n’avaient pu non plus exalter sa vanité, ni altérer la rectitude tranquille de son jugement. J’aime à citer les preuves de ce que j’avance ; elles valent mieux, pour la faire connaître, que tout ce que je pourrais dire.

…… « Il y a dans la raison des hommes quelque chose de supérieur qui dédommage de la soumission: leur volonté est calme, tandis que la nôtre s’agite sans cesse ; une multitude de petits incidents qui nous contrarient vivement ne les atteignent même pas ; aussi veulent- ils moins fréquemment, mais, plus également et plus durablement que nous. Dans tous les ménages que je vois de près, j’observe cette différence… Je suis persuadée que beaucoup de femmes très-distinguées ont dû à cette dispensation de la Providence leur bonheur avec des maris qui n’avaient pas autant d’esprit qu’elles, mais dont le caractère ferme et calme leur donnait l’appui et le repos dont elles avaient besoin. Pareille chose t’arrivera, chère amie, et peut-être à moi, et nous verrons tout ce qu’une femme spirituelle peut apprendre d’un homme médiocre. On dit que je suis très-instruite, et je sais bien que je le suis plus que la plupart des femmes ; eh bien, ma chère, je n’ai jamais causé un peu sérieusement avec un homme sans m’apercevoir