Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/364

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brielle Soumet furent très-hautes, et ses premières pages furent empreintes d’harmonie et de pureté. Ce fut pour elle comme une double révélation innée, que l’idéal des sentiments et la beauté de la forme. J’ai conservé un chant de poëme biblique en prose, qu’elle avait com¬ posé à l’âge de neuf ans, et donné à mon père, qui écrivit sur le manuscrit :« Gabrielle ira bien loin, et peut-être aussi loin qu’Alexandre Soumet. » Or, mon père a vécu quatre-vingt cinq ans sans jamais se tromper sur rien, tant la justesse de l’esprit est une fidèle compagne de la droiture du cœur. Hélas ! comme il serait heureux (et nous donc !) s’il voyait sa prédiction si vite et si bien accomplie ! S’il pouvait lire et relire comme nous les Filiales de M me d’Altenheym ! Elle y a mis tout son cœur comme tout son talent. L’analyse de l’ouvrage sera la plus exacte biographie de l’auteur :

«Habituez de bonne heure la jeune fille aux travaux domestiques ; mais que la religion et la poésie entr’ou- vrent son âme au ciel : amassez de la terre autour de la racine qui nourrit cette plante délicate ; mais n’en laissez point tomber dans son calice. »

« Cette pensée de Jean-Paul devait être la seule pré¬ face de mon livre, dit Mme d’Altenheym, mais j’ai voulu le faire précéder d’une élégie devenue populaire par sa touchante simplicité, et je place sous la douce protec¬ tion de la Pauvre Fille, les inspirations de tendresse filiale que j’ai reçues d’elle. »

Le volume s’ouvre donc par cette délicieuse élégie qui est restée le chef-d’œuvre du genre, et qu’Alexandre Soumet a écrite avec des larmes qui ont passé dans les yeux de tous ses mille lecteurs. Jamais invocation n’a été plus glorieuse et plus efficace à la fois. Les trois Nouvelles que renferme ce volume et qui sont liées par un même sentiment, comme l’indique le titre général du