Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/365

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livre, dénoncent la noble et poétique origine de leur jeune auteur, qui s’élève jusqu’à son père pour le récompenser de son amour et de ses sollicitudes, et qui le rassure en lui ressemblant.

Alexandre Soumet, entre tous les poètes, méritait bien une telle fille ! Lui qui n’a jamais fait descendre l’art de son idéalité ; lui qui, après avoir donné l’exemple de la poésie et de la versification actuelles dans les chants de sa Jeanne & Arc, publiés il y a vingt ans et qu’on dirait faits de ce matin, n’abandonna cette palme de l’épopée que pour se vouer à la Melpomène française, dont il a soutenu et rehaussé l’honneur dans sept grandes tragédies, qui ont été autant de grands succès (gloire unique de nos jours). Lui enfin qui a pu suspendre aux lambris muets sa lyre racinienne quand les échos du théâtre lui ont manqué, mais qui n’a pas voulu l’accorder sur un mode différent ni en changer le diapason ! et la tragédie est morte du silence de Soumet comme de la mort de Talma !

C’est un grand bonheur de pouvoir confondre ses plus vives admirations dans ses plus tendres amitiés. Voilà longtemps qu’Âlexandre Soumet* procure çe bon¬ heur à celui qui écrit ces lignes :


Lorsque, frais écolier» je revins d’Orléans,
Jeté» nain curieux» au pays des géants.
Certes, je n’avais pas assez d’yeux ni d’oreilles.
Dans ce vaste Paris, la ville des merveilles,
Dont la plus merveilleuse était son empereur !

Un jour (étais-je enfant !) j’appris, non sans terreur,
Qu’Alexandre Soumet, lui-même, le poète.
Dont les vers, au collége, avaient brûlé ma tête,
Désertait son Toulouse, et dans notre maison
Précisément venait passer une saison !
Tout mon corps de quinze ans, devant cette nouvelle,
Trembla comme Psyché quand l’amour se révèle,
Et j’attendis muet, et dans te saint effroi