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âme au feu sacré des abnégations obscures et nobles. Je devins mère!…. Qu’avez-vous fait, mon Dieu! des bon¬ heurs que je ressentis alors?…. Un honnête homme était le père de ma fille, il pourrait la bénir ! Où étaient les mérites qui me donnaient le droit de prétendre à des joies plus grandes?

Aux jours de présomptueuse énergie, j’avais appelé le malheur ; son fantôme m’était apparu éclatant ; mon regard séduit l’avait .étreint et possédé. Le malheur vint à son tour, lorsqu’il n’était plus convié, il fallut bien l’accepter : pourtant c’était un hôte amer et sombre. 11 prit place au foyer ; ma vie le trouva assidu, mais l’hon¬ neur ne le fut pas moins.

Je m’étais mariée dans une librairie, je me retrouvai au bout de deux ans redonnant des leçons, non plus pour satisfaire des curiosités d’intelligence, mais pour les nécessités de chaque jour *. La compagne aimée de mes promenades de jeune fille avait tristement quitté ce monde, je lui portai presque envie. Une sorte de repos s’établit enfin dans ma vie extérieure, il y eut dans mon âme comme de doux apaisements. Mais ce calme sans objet déterminé était bien près de l’ennui. Que vouloir d’une sensation où nul mouvement ne peut trouver place ; qui se continue simple, uniforme? Que faire de ces jours, de ces heures, qui ne répondent à aucun appel, dont la durée passe indifférente et aride? Ce fut dans cette dis¬ position qu’une vive sympathie fit explosion entre mon troisième frère et moi. Il avait vingt ans seulement ; mais


  • Louis XVIII avait fait revivre une loi morte par le fait, et qui

exigeait un brevet de tout libraire. Ou mit une obstination invincible à refuser ce brevet à l’homme qui avait fait plusieurs campagnes sous Napoléon, Tous les autres l’obtinrent* Le soldat satisfit à tous ses enga¬ gements ; il se retira pauvre, mais avec un nom que nulle tache n’avait souillé.