Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/423

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vaux devenus pour sa famille un besoin, pour elle un devoir journalier ; ce n’est pas qu’au milieu de sa préoccupation maternelle et d’amour pour ses enfants, elle n’eut regretté quelquefois sa poésie abandonnée, sa gloire étouffée en son germe, anéantie en sa naissance, et qu’elle n’eût dérobé quelques heures à la composition de ses petits traités de morale et d’instruction, pour les consacrer de préférence au souvenir de quelque amertume passée, à l’expression de quelque affection douloureuse ou de quelque sentiment de regret ou d’espoir. Involontaire entraînement de son imagination captive, enchaînée au positif de la vie ! involontaire essor de son âme aimante et froissée, et dont elle écoutait l’inspiration comme on se reproche un désir coupable, une faute ! Irrésistible ascendant qui la surmontait ! doux larcin que lui suggérait la Muse, et dont le poëte, en s’y prêtant malgré lui, demandait pardon à la mère !

De ces heures dérobées sont nées ces élégies que le rhythme ou la césure n’ont point gênées, que le retour musical de la rime n’a point harmonisées pour l’oreille, ces élégies, veuves de la versification, mais que la prose a conservées dans toute l’intégrité de la pensée primitive, dans toute l’étendue et la plénitude du premier jet.

Plusieurs journaux, consacrés à recueillir les nobles et tendres inspirations des femmes, de ces femmes qui n’écrivent si profondément que parce qu’elles n’écrivent que pour être aimées, ont reçu les confidences élégiaques de Mme Farrenc.

Aujourd’hui, Mme Césarie Farrenc recueille une partie de ses sacrifices dans l’amour de ses enfants, dans la tendresse inaltérable, au sein de laquelle, surtout, s’est renfermé son fils aîné pour sa mère, à la fois si bonne et si malheureuse. Elle commence à retirer aussi plus de fruit de son travail, et s’il n’est pas fertile en gloire, il