Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/65

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Combien faut-il de vers semblables pour proclamer un grand poëte !

M BC Ségalas voulut aussi s’approprier quelques brins de lauriers de la couronne de Lamartine, et elle composa la petite Fille, la Jeunesse, aux Poètes, le Bal, mélancoli¬ ques méditations sur ce texte toujours nouveau pour le poëte penseur, le néant des choses humaines. Ne croi- rait-on pas entendre Lamartine?


Oh! puisque la jeunesse est une ombre qui passe. Tandis qu’elle apparaît dans un étroit espace Jouissons : traversons le chemin en dansant ;

Nous le verrons subir bien des métamorphoses ; Pendant qu’il est fleuri cueillons toutes les roses Et chantons en passant.

L’hiver viendra glacer notre joyeux cortège ;

Vers la fin du trajet s’étend un sol de neige,

Les arbres dépouillés forment un blanc cordon ;

Les voyageurs tardifs, à la marche incertaine.

Tout frissonnant de froid s’avancent avec peine. Courbés sur un bâton* •

Avant de nous traîner sur cette route obscure Enivrons-nous de jeux, de gaité, de parure!

Nous régnons maintenant, bâtons-nous, ô mes sœurs! Des groupes enfantins pressent leurs pas agiles Pour nous ravir bientôt nos couronnes fragiles Et nos sceptres de fleurs !


Là dedans tout est beau, tout va à l’âme, parce que tout en vient.

M me Ségalas n’est pas satisfaite de sa supériorité dans ces divers genres de poésie ; elle rivalise maintenant avec Alfred de Musset, ce joyeux et spirituel conteur dEspagne et d Italie : voyez le Brigand espagnol.


Si je m’avance, moi, prés d’une jeune fille,

Ce n*e$t point pour lorgner ses pieds fins et petits,