Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/86

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« cependant l’humanité, enfin qu’un souffle de la muse « sacrée eût passé sur son front. » Elle n’a pas courbé le sien, celle qui forme de tels vœux ; elle ne s’est pas jetée au milieu des groupes frivoles ou passionnés qui mécon¬ naissent l’importance des lettres, et font du plus grand art de la civilisation un métier inutile. Toute pensée forte a en vue l’avenir, et s’y établit d’avance ; au contraire, le temps use bientôt les talents équivoques, dus seulement à une jeune et stérile exaltation de l’amour- propre. On agite encore parmi nous cette question, si beaucoup de femmes doivent écrire ; mais du moins on rendra justice à celles qui, en obéissant à une voix inté¬ rieure presque irrésistible, propagent de généreux mou¬ vements de l’ànie, sans lesquels, à présent que la litté¬ rature futile s’éloigne, nul écrivain ne graverait son nom sur le bronze. Quelques difficultés, jusqu’à un certain point particulières aux femmes, ne les déconcerteront pas ; elles ont pour dédommagement le bonheur de pou¬ voir rester hors du trouble des affaires, sans que cela surprenne personne. C’est une sorte d’asile, de retraite, où la pensée sera plus désintéressée. On devra beaucoup aux femmes dans l’ordre religieux. Mais, occupées par devoir des intérêts matériels, plus libres en cela que les hommes, quelques-unes d’entre elles expieront noblement ce que leurs mères ont fait pour des erreurs successives, et tant de vieux écarts ne dissuaderont pas de suivre les voies heureuses. Difficilement les femmes se renfermeraient dans le cercle étroit des doctrines surannées d’ailleurs, qui empêchaient de se consoler et défendaient d’espérer. Quand on ne croit nullement aux dons impérissables, c’est par préoccupation ou par inap¬ titude : le génie, dans sa liberté, ne s’attache pas de pré¬ férence à ce qui ne dure qu’un jour. Ces réflexions sur l’indépendance et la dignité dont est susceptible le travail