Mme DÉSORMERY
Dans les choses humaines il n’y a de certain que l’imprévu.
Si le hasard, cette grande raison qui n’a pas de
nom, répond à tout et n’aboutit à rien, si les caprices du
hasard sont pour quelque chose dans les destinées du
monde, merveilleux hasard, dirons-nous, que celui qui
en semant de bonne heure l’adversité sur les pas d’une
muse qui, à peine ouverte au souffle de la vie, s’ignorait
encore elle-même, soudain l’a révélée au monde, et a doté
notre France d’une célébrité de plus. Douée d’une imagination
ardente, d’une grande puissance d’analyse et d’une
exquise sensibilité, Mme Désormery, comme tous les vrais
poëtes, a souffert, puis elle a écrit. Suivant en cela l’instinct
providentiel du poëte, tantôt elle a gémi sur la position
précaire que la société fait à toute femme de cœur ;
tantôt elle s’est complue à produire une peinture vraie
et non flattée de cette société qui se ment à elle-même ;
tantôt enfin, résignée et chrétienne, sa muse a chanté
tour à tour dans un harmonieux langage et la patrie
absente et ces sentiments de mélancolie instinctive qui